Renault Rafale : un nouveau souffle pour le haut de gamme français

Renault Rafale : un nouveau souffle pour le haut de gamme français

Un pari osé signé Renault

Quand on évoque le haut de gamme automobile français, les habitués penseront à DS, peut-être à Peugeot avec certains hauts de gamme récents, mais rarement à Renault. Et pourtant, avec le Renault Rafale, le constructeur au losange décide de bousculer les codes et se frotte directement aux ténors allemands. Là où Talisman et Latitude avaient joué la carte de la discrétion (et avec un succès mitigé), le Rafale adopte une toute autre approche : design affirmé, technologie embarquée de pointe, motorisations électrifiées… Renault n’est plus là pour faire de la figuration.

Faut-il y voir une énième tentative de Renault pour placer un pied ferme dans le premium ou le début d’une nouvelle ère ? Jetons un œil sous le capot (et au-delà) pour y voir plus clair.

Un SUV coupé au style assumé

Dès le premier regard, le Renault Rafale impose. Il ne ressemble à aucun autre modèle de la gamme actuelle, même s’il repose sur la plateforme CMF-CD déjà partagée avec l’Austral et l’Espace. Mais ici, Renault a mis l’accent sur le style et la posture : ligne de toit fuyante, garde au sol affirmée, capot sculpté, feux arrière acérés… Le Rafale fait dans le musclé chic.

Long de 4,71 m, il se positionne entre un Audi Q5 Sportback et un BMW X4. Niveau style, il y a un vrai parti pris. Rafale (le nom fait référence à l’avion Caudron-Renault Rafale des années 30) ne laisse pas indifférent : on aime ou on déteste. Cette prise de risque est assumée, et c’est tant mieux dans un segment souvent très conservateur.

La présentation intérieure monte d’un cran

Autre avancée réjouissante, l’intérieur du Rafale progresse nettement par rapport à celui de l’Austral. Renault reprend ici l’écran Open R (horizontal + vertical façon Tesla, cumulant 24 pouces au total), mais épure l’ensemble avec des matériaux valorisants, des inserts en bois recyclé sur certaines finitions, et un soin évident apporté aux assemblages.

À bord, on se sent clairement dans un univers premium. Le cuir n’est plus obligatoire – une bonne chose sur le plan écologique – mais le ressenti est flatteur, avec de jolis tissus, du plastique moussés au bon endroit et une ergonomie bien pensée. L’espace aux jambes arrière, sans égaler un Espace long, se situe clairement dans la bonne moyenne du segment.

Banquette arrière fixe mais confort au top

Petit bémol toutefois : la banquette arrière reste fixe (pas de coulissement ou de dossier inclinable), ce qui limite la modularité, notamment pour une famille qui aurait voulu adapter l’espace jambes/coffre. En revanche, les sièges sont confortables, et le toit panoramique dit « Solarbay » (technologie PDLC pilotée électroniquement, pas de vélum) ajoute une sensation d’espace bienvenue. Ce dernier peut s’opacifier par simple pression, par zones, ce qui est à la fois malin et spectaculaire.

Une motorisation hybride aboutie

Le Rafale fait l’impasse (pour l’instant) sur les motorisations diesel. À la place, il propose une motorisation hybride dite E-Tech Full Hybrid de 200 ch. Elle associe un moteur essence 1.2 trois cylindres à deux moteurs électriques, le tout couplé à une boîte à crabots sans embrayage, et un système hybride série-parallèle.

Sur le papier, cela peut sembler complexe. Mais à l’usage, le résultat est bluffant. Le système hybride gère seul les transitions thermique/électrique et se montre très doux. Le moteur électrique prend souvent le relais en ville ou en conduite fluide, permettant une conduite silencieuse et une consommation très bien maîtrisée : autour de 5,5 L/100 km en usage mixte lors de notre essai.

Et bientôt une version E-Tech 4×4 de 300 ch

Mais Renault ne compte pas s’arrêter là. Une version E-Tech Plug-in Hybrid 4×4 de 300 ch arrivera à l’horizon 2024, avec une transmission intégrale et une technologie issue des Alpine. De quoi jouer dans la cour des grands en matière de performances, tout en conservant une maîtrise des émissions de CO₂. Cette déclinaison pourrait séduire les professionnels du leasing haut de gamme, jusqu’alors tournés vers les allemands.

Comportement routier : confort et dynamisme bien équilibrés

Sur la route, le Rafale impressionne. Même en version 200 ch, le comportement est rigoureux et précis. Grâce au châssis bien équilibré et à la monte pneumatique généreuse (jusqu’à 20 pouces), l’auto vire à plat sans jamais sacrifier le confort. L’insonorisation est soignée, et les bruits de roulement bien contenus.

Il ne faut pas s’attendre à une sportivité exacerbée – ce n’est pas le but – mais le conducteur exigeant ne sera pas déçu. Mention spéciale au système 4Control Advanced (direction arrière active en option), qui apporte une réelle agilité en ville et une stabilité renforcée sur autoroute.

Un équipement technologique à la hauteur

Renault a mis les petits plats dans les grands. Le Rafale embarque une panoplie technologique complète :

  • Écran OpenR Link compatible Google (navigation, assistant vocal, applis intégrées)
  • Affichage tête haute 9,3”
  • Pack sécurité active de série (freinage automatique, aide au maintien dans la voie, reconnaissance des panneaux…)
  • Régulateur adaptatif intelligent couplé à une lecture du relief
  • Caméras 360° et affichages augmentés pour manœuvres

Le système multimédia est fluide – un vrai progrès par rapport aux anciennes générations R-Link – et les mises à jour OTA (Over The Air) garantissent un suivi logiciel régulier sans passer au garage.

Positionnement tarifaire : le vrai nœud

Là où le Rafale soulève les débats, c’est sur son positionnement tarifaire. Avec des tarifs démarrant autour de 45 000 € et dépassant les 55 000 € pour les versions hautes, Renault entre clairement dans le segment premium. Peut-il rivaliser avec les Audi, BMW ou Lexus à motorisation équivalente ? Sur le papier, oui. Mais Renault devra convaincre une clientèle généralement peu sensible aux charmes du losange pour ce type de budget.

Malgré tout, certains arguments pourraient faire mouche auprès d’acheteurs pragmatiques : une motorisation efficiente sans compromis (pas de diesel mais une hybride performante), un style distinctif, des équipements pléthoriques de série et un coût d’entretien inférieur à celui des Allemandes haut de gamme.

À qui s’adresse le Renault Rafale ?

Clairement, le Rafale n’est pas un SUV de plus. Il s’adresse aux automobilistes qui souhaitent du confort, de la prestance, de la technologie et de l’efficience, le tout sans sacrifier l’originalité. Il plaira aux cadres urbains, aux familles bien installées ou encore aux indépendants cherchant un véhicule statutaire sans tomber dans les classiques allemands.

Et pour les flottes d’entreprises, il offre une alternative intéressante sur le plan fiscal, surtout avec l’arrivée de la version hybride rechargeable. Les gestionnaires apprécieront également une consommation contenue et une image rafraîchie.

Un vent nouveau pour Renault ?

Avec le Rafale, Renault tourne une page. Ce n’est pas qu’un véhicule, c’est une déclaration d’intention : la marque veut monter en gamme, innover et se démarquer. Et franchement, les bases sont solides. Le style est assumé, l’ingénierie est solide, la technologie est bien pensée… Certes, tout n’est pas parfait (modularité perfectible, tarif ambitieux), mais il faut saluer l’audace.

Alors, Renault peut-il réussir là où tant d’autres tentatives ont échoué ? Seul le temps (et les ventes) le diront. Mais une chose est sûre : ce Rafale mérite d’être essayé avant d’élargir son champ de recherche chez les constructeurs premium traditionnels.

Comme dirait un mécano de confiance : « C’est pas juste beau, c’est bien foutu. »