Une nouvelle étoile dans la galaxie des SUV électriques ?
Avec l’arrivée de la Polestar 3 sur le marché, le constructeur scandinave cherche à faire sa place dans la catégorie très convoitée des SUV électriques premium. Si le style et la technologie sont au rendez-vous, reste une question essentielle pour tout acheteur potentiel : l’autonomie est-elle à la hauteur des ambitions et du prix annoncé ?
Chez Lammens Motors, on a voulu en avoir le cœur net. Test technique, relevés concrets, conduite sur différents types de route, cet article passe la Polestar 3 au peigne fin, sans détour. Concentrons-nous sur ce qui compte : est-ce un véhicule fiable pour une utilisation quotidienne, ou un SUV de salon taillé pour les fiches techniques ? Petit spoiler : ce n’est pas qu’une belle gueule nordique.
Fiche technique : des chiffres qui annoncent du lourd
La Polestar 3 est lancée avec deux versions majeures : la Long Range Dual Motor et la Performance Pack. Dans les deux cas, on retrouve une batterie de 111 kWh (capacité brute), avec une capacité nette utilisable de 107 kWh. C’est gros. Très gros même. À titre de comparaison, la Tesla Model Y Performance est à 75 kWh utiles, et l’Audi Q8 e-tron plafonne autour des 106 kWh.
- Puissance : 489 ch pour la version standard, 517 ch avec le Performance Pack
- Couple : jusqu’à 910 Nm
- Autonomie annoncée (WLTP) : entre 560 km et 610 km selon la version
- 0 à 100 km/h : 4,7 s en mode Performance
- Charge rapide : jusqu’à 250 kW max en DC
Sur papier, c’est impressionnant. Mais comme souvent, c’est sur la route que la vérité se joue.
Autonomie réelle sur route : la théorie rencontre le macadam
Direction les routes mixtes de Belgique, où nous avons mis à l’épreuve la Polestar 3 dans différentes conditions. Départ batterie pleine, température extérieure de 12°C, passager unique (moi), chauffage activé (on reste en Europe du Nord…), et une conduite ni éco, ni sportive : réaliste, quoi.
Résultats sur un parcours de 150 km (autoroute 65 %, routes secondaires 30 %, urbain 5 %) :
- Consommation moyenne : 21,5 kWh/100 km
- Autonomie réelle estimée : environ 500 km
C’est loin des chiffres WLTP, certes. Mais compte tenu du gabarit (plus de 2,5 tonnes à vide), de la puissance disponible et des conditions réelles, ce résultat est plutôt solide. À conduite très économe, il est possible de viser les 530-540 km. Mais au quotidien, tabler sur 480-500 km semble plus honnête.
Autonomie sur autoroute : le test qui fait mal
C’est souvent sur autoroute que les véhicules électriques montrent leurs limites. À 120 km/h stabilisés, nous avons effectué un trajet aller-retour entre Bruxelles et Charleroi, avec contrôle précis au départ et à l’arrivée. Voici ce que ça donne :
- Vitesse moyenne : 118 km/h (contrôle régulateur + trafic fluide)
- Consommation moyenne : 26,2 kWh/100 km
- Autonomie estimée sur autoroute : 410-420 km
Clairement, la sobriété n’est pas le point fort de la Polestar 3 sur ce terrain. Cela dit, c’est dans la moyenne des gros SUV électriques actuels. À noter que la climatisation, la masse importante et la surface frontale ne jouent pas en faveur de l’économie d’énergie ici.
Modes de conduite et influence sur l’autonomie
Trois modes de conduite sont proposés : Simple, Sport et Individual. En mode Sport, la voiture libère tout son potentiel mais la consommation grimpe très vite, avec des pics à 30 kWh/100 km dès qu’on taquine la pédale.
Le mode Simple, axé sur l’efficacité, active une régénération plus marquée, réduit l’agressivité du moteur et limite la puissance maximale. Sur un trajet de 50 km en ville et périphérie, on a relevé une consommation moyenne de seulement 17 kWh/100 km. Intéressant pour les trajets quotidiens urbains.
Temps de charge : que vaut la Polestar 3 en recharge rapide ?
Avec une capacité de charge ultra-rapide jusqu’à 250 kW en courant continu, la Polestar promet un passage de 10 à 80 % en environ 30 minutes. Sur borne Ionity de 350 kW testée à Nivelles, la promesse est globalement tenue.
- Puissance crête réelle atteinte : 240 kW
- Temps mesuré (10 à 80 %): 31 minutes
Pour les PHEV-sceptiques ou ceux qui parcourent régulièrement de longues distances, c’est un atout. Combiné au réseau Ionity ou à des bornes rapides fiables, la recharge ne devrait pas être un facteur bloquant lors de trajets longue distance… à condition d’avoir un peu anticipé.
Confort et équipements : voyager sans se poser de questions
On ne va pas tourner autour du pot : pour ce qui est du confort, la Polestar 3 joue dans la cour des grands. Si vos références sont le Volvo XC90 ou le Tesla Model X, vous ne serez pas dépaysé. Silence à bord, amortissement piloté parfaitement équilibré, assises larges et bien maintenues. Un vrai cocon roulant.
La planche de bord, ultra épurée avec son écran central de 14,5 pouces sous Android Automotive, est intuitive et fluide. Le GPS intègre directement les données liées à la batterie restante, propose des itinéraires tenant compte des arrêts recharge et… ça fonctionne. Pas besoin d’avoir fait ingénieur chez Google pour s’y retrouver.
Petit détail révélateur : sur 350 km d’essai, je n’ai jamais eu à chercher un bouton ou à me battre avec une commande. C’est rare. Et appréciable.
Budget et positionnement marché : à qui s’adresse vraiment la Polestar 3 ?
Lancée au prix de base d’environ 89 900 €, la Polestar 3 n’est évidemment pas une voiture accessible à tous. Avec le Performance Pack, les finitions haut de gamme et quelques options (jantes 22″, pack Pilot Assist, peinture métallisée), on grimpe rapidement à +100K.
Comparons avec ses concurrents directs :
- Tesla Model X Long Range : +110 000 €
- Audi Q8 e-tron 55 : à partir de 86 000 €
- BMW iX xDrive50 : à partir de 98 000 €
Polestar se place donc intelligemment entre le premium allemand et le techno-show à l’américaine. Pour les clients qui veulent une identité forte sans forcément céder à la surenchère marketing, le positionnement est cohérent. Encore faut-il être prêt à investir ce budget.
Alors, mission autonomie réussie ?
Oui, dans une large mesure. Est-ce le SUV électrique avec la meilleure autonomie du marché ? Non. Mais c’est un véhicule qui tient ses promesses dans des conditions de conduite réalistes. Pour un usage mixte quotidien (ville + routes), dépasser les 500 km entre deux charges est parfaitement envisageable, ce qui rassurera les conducteurs en quête de fiabilité.
La très bonne capacité de recharge rapide, le confort de roulage premium et un système d’infodivertissement efficace achèvent de faire de la Polestar 3 une alternative sérieuse, notamment face à des modèles souvent plus chers ou techniquement moins équilibrés.
Un seul reproche ? Peut-être le poids conséquent et une consommation un peu élevée sur autoroute… Mais pour le reste, on tient là une vraie réussite scandinave au tempérament bien trempé. Et à ce prix-là, on a envie d’en avoir pour son argent. Mission partiellement accomplie côté autonomie… mais 100 % validée côté plaisir de conduite.